lundi 29 mai 2017

Fendre L'Armure | Anna Gavalda



Résumé : 

On me demande d'écrire quelques mots pour présenter mon nouveau livre aux libraires et aux critiques et, comme à chaque fois, ce sont ces quelques mots qui sont les plus difficiles à trouver. Je pourrais dire que c'est un recueil de nouvelles, que ce sont des histoires, qu'il y en a sept en tout et qu'elles commencent toutes à la première personne du singulier mais je ne le vois pas ainsi. Pour moi, ce ne sont pas des histoires et encore moins des personnages, ce sont des gens. 
De vrais gens. Pardon, de vraies gens. C'est une faute que j'avais laissée dans mon manuscrit, "la vraie vie des vrais gens", avant que Camille Cazaubon, la fée du Dilettante, ne me corrige : l'adjectif placé immédiatement avant ce nom se met au féminin. Quelles gens ? Certaines gens. De bonnes gens. Cette règle apprise, je suis allée rechercher tous mes "gens" pour vérifier que tous s'accordaient bien et j'ai réalisé que c'était l'un des mots qui comptait le plus grand nombre d'occurrences. 
Il y a beaucoup de "gens" dans ce nouveau livre qui ne parle que de solitude. Il y a Ludmila, il y a Paul, il y a Jean (!) et les autres n'ont pas de nom. Ils disent simplement "je". Presque tous parlent dans la nuit, pendant la nuit, et à un moment de leur vie où ils ne différencient plus très bien la nuit du jour justement. Ils parlent pour essayer d'y voir clair, ils se dévoilent, ils se confient, ils fendent l'armure. 
Tous n'y parviennent pas mais de les regarder essayer, déjà, cela m'a émue. C'est prétentieux de parler de ses propres personnages en avouant qu'ils vous ont émue mais je vous le répète : pour moi ce sont pas des personnages, ce sont des gens, de réelles gens, de nouvelles gens et c'est eux que je vous confie aujourd'hui.


Extrait : 

- Arrête, j'te dit. C'est même pas la peine d'insister.
J'avais pas du tout envie d'y aller. J'étais crevée, je me sentais moche et en plus, j'étais pas épilée. dans ces cas-là, j'assure que dalle et comme je sais que je vais rien choper, je finis toujours défoncée comme un terrain de manœuvres.
Je sais, je suis trop délicate mais bon, c'est plus fort que moi, si je ne suis pas nickel et la chatte au carré, je m'accorde aucune ouverture.
Sans compter que je m'étais pris la tête avec mon connaud de chef pendant que je finissais mes cages et que ça m'avait bien minée.

C'était à propos de la nouvelle gamme de chez ProCanina, la Puppy Sensitive.
- Je la vendrais pas, que je lui répétais, je la vendrais pas. C'est du fouage de gueule. Contribue au développement du cerveau et de la vue, j'ai encore relu en lui rendant son putain de sac de croquettes à vingt-sept euros les trois kilos, développement du cerveau, n'importe quoi, hé, si c'était vrai, y feraient bien de se les bouffer eux-mêmes, ces blaireaux.

Mon ti'chef s'était éloigné en crachotant : et son rapport, et ma tenue, et mon langage, et mon CDI que j'aurai jamais, et tatati et gnagnagna, mais je m'en tamponnais la guitoune. Je suis invirable et il le sait aussi bien que moi. Depuis que je suis là, les bénéfices ont fait deux fois le tour du compteur et dans ma dot j'ai raboulé toute mon ancienne clientèle de chez Favrot, alors...


Extrait du chapitre 1 de la nouvelle L'amour courtois


Mon avis : 

J'ai énormément aimé ce recueil de nouvelles. Toutes les nouvelles m'ont plus, certaines encore plus que d'autres. Les nouvelles ont beau traiter de solitude, je les ai trouvé magnifiques, émouvantes, pleines d'espoir et humanisme. Aucune nouvelle n'est faite dans le but de tirer les larmes des yeux et c'est plutôt agréable.

J'ai adoré la plume de l'auteure, c'était beau, c'était fluide, bref on dévore les nouvelles, une par une, sans s'en rendre compte, et qu'est ce que c'est agréable !

Les personnages de chaque nouvelle sont très différents et pourtant ils sont tous, sans exception, attachants, et on a envie qu'ils sortent de leur solitude, qu'ils se réconcilient avec la vie, qu'ils avancent, qu'ils combattent et qu'enfin ils s'épanouissent.

Bref, je conseille pleinement ce recueil dont j'avais peur que le thème plombe le moral alors que pas du tout, donc foncez et ouvrez vous à la solitude de ces personnages attendrissants !

Ma note :

17/20


Infos complémentaires :

Genre : Contemporain, Nouvelle
Editions : Le Dilettante
Date de parution : 2017
Nombre de pages : 288

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